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Le Grand Serment Royal des Arbalétriers de Saint Georges de Grez-Doiceau

(Extrait de la revue « WALLONIA » de 1900 consacrée à la tradition locale)

A partir du XIe siècle, il se forma dans les communes belges des associations locales, souvent des corporations ouvrières, organisées en congrégations religieuses et militaires. Chacune était placée sous la protection d’un saint qu’elle honorait particulièrement; de là les noms d’archers de Saint Sébastien et d’arbalétriers de Saint Georges qui se rencontraient dans presque toutes les villes.

Chaque confrérie entretenait à ses frais une chapelle ou un autel et assistait en corps aux funérailles de ses membres; le règlement punissait avec sévérité toute infraction aux bonnes mœurs; en cas de nécessité ou de maladie, les confrères étaient assistés par la caisse de secours. Les membres des confréries s’exerçaient au maniement des armes et formaient au besoin d’excellentes milices.

Les corporations communales les plus caractéristiques qui se formèrent au moyen-âge sont les corporations militaires connues sous le nom de serments.

Les plus anciens Serments bien connus sont ceux d’arbalétriers, dont on constate l’existence dans quelques villes dés le XIIIe siècle. Le Grand Serment Royal et Noble des Arbalétriers de Notre Dame au Sablon date de 1213.

Les Serments se convoquaient périodiquement à de grandes fêtes qui étaient de véritables tournois pour la moyenne bourgeoisie.

Les Serments étaient gouvernés par des Doyens et des Jurés, élus par les confrères ou désignés par le magistrat et souvent chacun d’eux avait pour chef militaire suprême un Connétable pris parmi les principaux grands bourgeois de la localité. Partout ils étaient sous l’invocation d’un saint, pour les arbalétriers Saint Georges.

SAINT-GEORGES

Saint Georges est le patron de la paroisse de Grez, comme il le fut du Grand Serment, le sceau de la franchise (1298, 1415, 1494) offrait l’image d’un cavalier (Saint Georges) armé de la lance et du bouclier avec une légende dans laquelle on n’a pu distinguer que les indications scab… (scabinus, échevins) et Georgil. Saint Georges fut-il d’abord le patron de la paroisse, celui de la franchise ou celui du Serment ?

Question difficile à résoudre…

Le patronage du serment s’explique cependant assez par la légende de Saint Georges qui fut soldat sous Dioclétien, et qu’on représente à cheval, transperçant de sa lance un dragon. Au surplus en Belgique,  » partout les arbalétriers reconnaissent saint Georges pour protecteur »

Saint Georges a une statue portative en bois dans l’église de Grez, il est représenté à cheval, en habit militaire, perçant de sa lance redoutable un dragon terrassé.

LE SERMENT DE GREZ

Les archives communales de Grez contiennent fort peu de renseignements relatifs au Serment de Saint Georges, il est probable que les grandes bases de son organisation ne différaient guère de celles que nous venons d’indiquer et qui se rencontraient dans la plupart des confréries militaires.

Les réunions ou fêtes étaient fort goutées du peuple; chaque membre s’y rendait avec sa famille; une foule nombreuse assistait aux joutes et applaudissait les tireurs victorieux.

En 1551, le Serment de Grez assista avec plusieurs autres sociétés importantes et notamment avec le Serment de Braine-l’Alleud, à une assemblée tenue à Louvain dans le but de réviser les statuts du « landjuweel » ou tir pour « le joyau du pays en Brabant ».

Le Grand Serment possédait un drapeau, une lance et un tambour de 1792, sur lesquels les membres prêtaient le serment réglementaire.

Comme toutes les sociétés similaires, la gilde de Saint Georges perdit, probablement au 19 siècle, son caractère religieux et militaire et ne fut plus qu’une société d’agrément; sous cette forme, elle déchut rapidement et cessa d’exister vers 1828; peut-être fut-elle dissoute, en même temps que d’autre associations locales, par arrêté du roi Guillaume 1er, qui voyait partout des foyers révolutionnaires.

Plus tard, quelques notables reconstituèrent la compagnie, sur d’autres bases. On sait notamment que les membres ne s’occupèrent plus de tir.

C’est en 1901 que Monsieur Charles Le Lorrain conseillé par ses amis arbalétriers du Grand Serment de Bruxelles remis à l’honneur le tir. Mais 14 ans plus tard la guerre 14-18 annihila tous ses efforts.

Après la guerre 1914-1918, dans les années 1928-1929, les activités de tir à l’arbalète ont repris.

Charles Le Lorrain relança le tir en 1901 (ci-contre)

Dans les journaux  » Le Soir  » et « La Dernière Heure  » du 8 décembre 1934, on retrouve l’article ci-dessous.

Trois as du tir à l’arbalète (photo du 8/12/1934)

Le Grand Serment Royal de Saint Georges de Grez-Doiceau, dans le Brabant Wallon, est l’une de nos plus vénérables gildes d’arbalétriers: elle date de 1312. Voici au centre, Mr Han­ce Nestor, Roi du tir à l’arbalète pour 1934-1935. A droite : Mr Pira Emile, Roi du tir de l’année 1933­-1934. A gauche : Mr Wilquet Gustave détenteur de la Coupe du Grand Serment

 

 

Mais la guerre de 1940 mis fin aux activités de tir, et il faudra attendre 1978 pour que ces activités de tir puissent reprendre.

La tradition a été respectée, et c’est le premier décembre 1979, que les premiers membres prêtèrent serment sur le vieux tambour de 1792. (Voir photo ci-dessous)

 

 

Notre premier président sera Monsieur Gustave Wilquet, qui fut détenteur de la coupe du Grand Serment Royal des Arbalétriers de Saint Georges de Grez-Doiceau en 1934.

La tradition fut ainsi respectée.

Georges de Hosté